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 Siemens : visite du centre d'essais de Wildenrath et de l'usine de Krefeld

Un voyage instructif… dès le départ

Cette visite, parfaitement organisée par SIEMENS Transportation Systems, a suscité un grand intérêt auprès de nos membres puisque nous étions plus de 30 à embarquer le 26 octobre après-midi dans le Thalys pour Aix-la-Chapelle. De fait, l’intérêt de ce déplacement commençait dés le trajet aller, puisque pour beaucoup d’entre nous, il s’agissait d’un premier trajet Thalys au-delà de Bruxelles, destination habituelle des parisiens. En effet l’avancement des travaux de relèvement de vitesse à l’Est de Bruxelles est déjà impressionnant, et combine des segments de LGV à 300 km/h (Louvainentrée de Liège et Est de Liège) et des améliorations importantes de voies existantes, encore en cours entre Bruxelles et Louvain. Quand la DB aura aussi fait sa part entre Aix-la-Chapelle et Cologne, dont la vitesse sera portée à 250 km/h en fin 2007, Cologne ne sera plus qu’à 3 heures de Paris contre 4 h aujourd’hui. Certains de nos amis relevaient que le PBKA, prés de 20 ans après les études d’origine, serait enfin réalisé, avec la mise en service aussi fin 2007 (ou courant 2008…), de Bruxelles Amsterdam, mettant aussi Amsterdam à 3 h de Paris.

Les plus érudits d’entre nous n’ont aussi pas manqué d’évoquer à l’approche de Liège, le fameux plan incliné de Ans, dont la pente de 3 % dans le sens Liège Bruxelles ne pouvait être montée jusqu’en 1868 que grâce à l’aide de treuils à vapeur, remplacées ensuite par des locomotives d’allège, qui se détachaient en haut de la rampe et rentraient au dépôt mission accomplie ; le fait est qu’à la descente, la rampe ne nous paraissait pas terrible, jusqu’au moment où l’un de nous a signalé l’angle sensible que faisait le Thalys avec les horizontales des façades des maisons à l’approche de la gare de Liège. Toujours au niveau de l’érudition, mais dans un autre domaine, peu d’entre nous connaissaient, avant de voir les panneaux routiers lors de notre trajet en bus jusqu’à Wegberg, la situation de Moenchengladbach, célèbre pour son équipe de football : comme Wegberg, à quelque kilomètres de la frontière Hollandaise, et proche du « point triple » Hollande/Belgique /Allemagne, entre Rhin et Meuse.

Le Centre d’essais ferroviaires de Wegberg Wildenrath

   

L’exploitation de ce centre, construit à l’initiative de SIEMENS sur une ancienne base aérienne, a commencé en 1997 ; il comporte deux boucles d’essais principales (Vmax 160 km/h et Vmax 100 km/h), ainsi que diverses voies d’essais ; les différents types de courants et de modes d’alimentation électriques sont disponibles ainsi que les écartements européen et métriques. Un développement plus récent a vu la mise en place de moyens importants permettant de tester des systèmes de signalisation et de télécommunications, en particulier l’ERTMS et le GSM R.

De plus peuvent être réalisés la plupart des essais statiques (électriques ou mécaniques) sur les véhicules ferroviaires. Sous l’angle des essais de mise au point, Wildenrath est donc un outil remarquable, non seulement mis à la disposition des équipes de SIEMENS pour ses besoins propres, mais aussi ouvert à tous, à des conditions commerciales normales, comme l’est d’ailleurs le CEF (Centre d’Essais Ferroviaire) de Valenciennes. Des motrices de TGV par exemple sont venues faire des essais récemment.

Mais le Centre de Wildenrath présente une caractéristique supplémentaire très originale : c’est en fait une extension des usines de matériel roulant de SIEMENS, puisqu’il dispose de deux halls de 10 000 m2 chacun pouvant recevoir des rames de ICE complètes. Dans ces halls sont réalisées les opérations de mise en rame et d’intégration à partir des véhicules provenant en particulier de Krefeld, et si necessaire les retrofits ou modifications en cours de mise au point d’une série. Pour ceux qui sont familiers des processus de fabrication des TGV, il s’agit d’étapes réalisées en France à Aytré, Belfort et dans certains cas dans les ateliers de la SNCF.

Il ne fait pas de doute que l’ampleur, le regroupement et la réalisation récente de ces installations font de Wildenrath un site très performant dans le dispositif industriel de SIEMENS, en particulier pour l’ICE.

L’ensemble de ces installations répond bien à une tendance lourde de notre industrie, l’exigence maintenant forte de nos clients de ne plus accepter la réalisation des essais de mise au point et d’homologation des nouveaux matériels sur leurs lignes et d’obtenir une fiabilité importante dès la mise en service des matériels. Joint à la formalisation des procédures, à l’intervention de tierces parties, au transfert de la responsabilité contractuelle de la réalisation et de la durée des essais au fournisseur, cette nouvelle situation exige l’existence de centres d’essais dimensionnés pour la réalisation des tâches de mise au point, et des processus d’homologation conformes aux référentiels nationaux ou européens.

Nous avons aussi pu voir divers matériels en cours d’essais, tels que l’ICE ou le Tram Train SNCF, mais surtout faire plusieurs tours du grand anneau d’essais à bord d’un ICE pendulaire, fruit de la collaboration de SIEMENS avec FIAT-ALSTOM, fournisseur du bogie et du système d’inclinaison des caisses ; tout notre groupe a apprécié le design intérieur et le confort de roulement de cette rame (sauf peut-être lorsqu’un de nos collègues conduisait…)

L’usine SIEMENS de Krefeld

Il s’agit de la plus importante usine de matériel roulant de STS ; plus de 2 000 personnes y travaillent, tant pour la production des caisses de trams et d’automotrices, jusqu’à l’ICE, que pour l’assemblage des équipements électriques correspondants. Bien qu’il s’agisse d’une usine ancienne (autrefois DUEWAG), un niveau manifestement élevé d’investissements en fait un site moderne et bien équipé. Nous avons été frappés par l’agencement et l’ordre de l’atelier de garnissage des automotrices, et plus anecdotiquement par un transbordeur sur pneu remplaçant la disposition habituelle des transbordeurs sur rails des usines de « caissiers ». De même l’atelier de production des chaudrons aluminium, dont ceux de l’ICE, donne une bonne impression de qualité.

Tous les visiteurs ont apprécié de pouvoir voir de près diverses productions de Krefeld, dont les Desiro, destinés au marché Britannique et le Velaro, variante de l’ICE commandé par la RENFE pour la ligne à grande vitesse « Madrid Barcelone ».

Mais aussi beaucoup d’échanges informels…

Ce genre de visite vaut aussi beaucoup par les échanges entre participants et hôtes ; la qualité parfaite de la réception organisée par Jean Verrier, Directeur Géneral Adjoint de STS France, par Michel Passot et par le Dr Carsten Berendsen, Directeur du centre de Wildenrath n’a certainement pas été étrangère à la réussite de notre visite sous cet angle ; par exemple les échanges animés entre le Dr Berendsen et J.M Vanzemberg, Directeur du CEF de Valenciennes qui s’étaient déjà rencontrés au CEF, montraient une grande communauté d’appréciations sur les défis à relever.

D’autres conversations portaient sur des expériences partagées dans des situations de collaboration… ou de compétition, expériences qui montraient une vision partagée de l’évolution de notre industrie en Europe.

Donc un voyage passionnant, appelant un grand merci à nos hôtes de SIEMENS notamment pour le dîner offert le 26 au soir dans le magnifique cadre de l’Auberge « Tüschenbroicher Mühle » de Wegberg, et à l’équipe de l’AFFI qui a contribué à son organisation.

André Thinières